mardi 14 janvier 2014

#Gabon-Elections locales: Plainte pour fraude électorale déposée auprès du Procureur de la République par Junior Tchissambo



DOUMBOUYOU KANY TCHISSAMBO Junior
Tél. 04 60 70 86
B.P: 35 S/C ROLBG Libreville/Gabon
Libreville, le 13 Janvier 2014


A
Madame le Procureur de la République

Objet: Demande d’intervention / Dénonciation pour faux et usage de faux.

Madame le procureur de la République,

Le samedi 14 Décembre 2013, jour du déroulement de la première élection dite « Biométrique » de notre pays,  j’ai été observateur accrédité par le Ministère de l’Intérieur, via l’entremise d’une ONG de la Société Civile appelée ROLBG (Réseau des Organisations Libres de la Société Civile pour la bonne Gouvernance au Gabon). En ma qualité d’Assesseur, je représentais l'opposition au sein du bureau n°1, du centre Yacinthe Antini, cis au troisième arrondissement de Libreville.

Lors de ce scrutin des municipales 2013, j’ai observé de nombreuses irrégularités et des actes répréhensibles face auxquelles la loi devrait être appliquée dans toute sa rigueur, si nous voulons préserver l’image de nos institutions. Au nombre de ces actes irrévérencieux, et d’un autre âge, je relève une tentative flagrante de fraude et un faux et usage de faux de la part de Madame Sylvie  Kotha. Cette dernière, ancienne Présidente de la Fédération Gabonaise de Basketball et colistière de la liste PDG conduite par Madame Laure Olga Goundjout, s’est introduite dans ce bureau de vote avec un électeur détenant de fausses pièces d’identités.

Les faits reprochés à Dame Sylvie Kotha sont les suivants. Aux environs de 15 heures et demi, cette dernière, accompagnée d’un électeur, a fait éruption dans ce bureau de vote dans lequel sa nièce nommée Alice Kotha, Présidente dudit bureau, se trouvait. Au mépris de la loi et des institutions de la République Gabonaise, Dame Sylvie Kotha a eu l’audace d'user de son influence pour faire voter cet électeur qui était muni d’une carte d'électeur et d’une carte de la CNAMGS qui n’étaient pas les siennes ; ceci, bien entendu, en ignorant que je connais la véritable identité de l’électeur qui l’accompagnait, dans la mesure où ce dernier est un jeune voisin que j'ai vu grandir dans mon quartier.

En ma qualité d’Assesseur, j’ai la responsabilité d'apposer ma signature pour valider le bulletin de vote. Mais au préalable, mon devoir est de vérifier les identités et de m’assurer que les électeurs sont porteurs des pièces imposées par la Cenap. Aussi, j’ai tout d'abord constaté que le nom qui figurait sur la carte d’électeur, et la carte de la CNAMGS qui m’ont été présentées, était KIKI Lagaud alors que la personne qui se trouvait en face de moi s'appelle en réalité Skitt Tully ; sans oublier que la photo était différente du visage de ce dernier.

Sur ce, j’ai instamment déclaré que Sieur Skitt Tully n’était pas la personne qui figurait sur les cartes. Après l'approbation des autres membres du bureau, j’ai demandé à Sieur Tully et à son compagnon d’infortune de vider immédiatement les lieux. Se sentant humiliée et rabaissée, Dame Kotha a insisté en déclarant que c'était son fils et qu'il s’était rasé la barbe.  J'ai dû simplement rétorqué qu'il n'avait jamais eu de barbe et que je l'ai vu grandir, dans la mesure où ce dernier réside dans le même quartier que moi depuis plus de dix années.

Dépourvue de tout argument, Dame Kotha a finalement jeté l'éponge en sortant de la pièce. Mais à la surprise générale, cette dernière est revenue à la charge quelques instants plus tard. Debout devant la porte du bureau de vote, elle se mit à me menacer devant une foule de témoins qui pourraient attester de la véracité de mes propos. Dame Kotha declarait, je cite: "On se retrouvera, la vie ne s’arrête pas là". Ces menaces, portées à mon endroit, peuvent certainement paraître insignifiantes, mais je les ai prises au sérieux ; cela me cause un préjudice moral jusqu’à ce jour, car je n’arrive plus à me déplacer nuitamment et à joindre mon domicile après avoir vaqué à mes occupations quotidiennes. 

Au regard de ce qui précède, il est clair que le contexte des évènements n’est pas fortuit. Madame Sylvie Kotha comptait surement sur la présence de sa nièce  (la Présidente du bureau) pour faciliter et valider cette tentative de fraude et ce faux et usage de faux. Et il est utile de rappeler ici que cet acte posé par Dame Kotha constitue également une violation pure et simple des dispositions du code électoral. Conformément à ces dispositions, Dame Kotha n'a pas le droit d'être présente aux alentours des centres de vote pendant le déroulement des scrutins électoraux, afin d'éviter toute influence sur les votants et leur permettre de voter librement. De plus, les dispositions du code pénale Gabonais, en son article 116, prévoient une peine d’emprisonnement allant de 5 à 10 ans, ainsi qu’une amende.

Aussi, en bon citoyen, le Mardi 17 Décembre 2013, je suis passé devant les antennes d’une chaîne de télévision appelée Télé Hermon. Au cours de cette émission, j’ai dénoncé Dame Sylvie kotha  tout en relatant les faits ci-avant mentionnés. Cette Dénonciation ne s’est pas soldée par une saisine des juridictions compétentes de la part de cette dame pour diffamation ; ce qui est curieux de sa part, car n’ayant rien à se reprocher,  face à une telle situation, elle ferait tout pour sauver son image en cherchant réparation eu égard au préjudice causé par un tiers, si préjudice il y’a.

Madame le Procureur de la République,

En comptant sur votre bonne foi, je me tiens à votre disposition pour ouvrir et faciliter une enquête dans les plus brefs délais sur ce dossier. Pour le respect de nos institutions, et l’image de notre pays le Gabon, je vous invite à prendre toutes dispositions nécessaires et à faire appliquer la loi dans toute sa rigueur afin que les auteurs présumés de ce délit soient punis par la loi ; qu’ils soient mis aux arrêts et présentés devant le Tribunal de Première Instance, en vue d’une audience correctionnelle au cours de laquelle je compte me constituer  partie civile.

Dans un pays où la justice bafoue les droits fondamentaux des paisibles citoyens, usant de répression lors de manifestations pacifiques, tout en étant muette et incompétente sur certaines affaires impliquant des dignitaires du pouvoir, il est déplorable de constater que cette même justice est inféodée. Ceci explique son incapacité à fonctionner de manière libre et indépendante, et le fait qu’elle ne respecte pas le principe qui veut que nul ne soit au-dessus de la loi.

Cette réalité inquiétante, selon laquelle il n’existerait pas une réelle séparation de pouvoirs dans notre pays, est due au fait que les magistrats en général considèrent d’abord leurs appartenances politiques, subissent des pressions et influences de tout ordre, et donc par conséquent ne font pas leur travail comme il se doit. Fort de ce constat, en tant que citoyen Gabonais ayant soif de justice, je crois que le moment est venu de rétablir l’ordre et le droit.

Compte tenu du fait que les témoignages  et aveux en Droit puissent être tenus comme étant des preuves suffisantes permettant de diligenter des enquêtes et  mettre aux verrous les personnes mises en cause, après que ces enquêtes aient permis de prouver leurs culpabilités et aussi après avoir été déclarés coupables,

Compte tenu du fait que la principale mise en cause, Madame Sylvie Kotha fait partie des cadres de l’UFPDG (l’Union des Femmes du Parti Démocratique Gabonais), dans l’éventualité de votre affiliation à ce parti politique,  à mon sens,  il vous serait certainement difficile de prendre les décisions qui s’imposent afin de la faire mettre aux verrous.

En effet, dans la mesure où il s’agirait d’une camarade, et que vous appartiendriez au même groupement politique, vous craindriez certainement des représailles de la part du camarade en chef, le Chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba.

Par conséquent, la justice gabonaise applique la règle impartiale selon laquelle, il existe deux poids, deux mesures. Ainsi, il est fort regrettable de constater que certaines personnes et plus précisément les amis du régime Bongo-PDG ne sont nullement inquiétés par cette justice douteuse ; je citerai comme exemple celui de certains hommes politiques dudit régime, lesquels ont été nommément cités comme étant des commanditaires de crimes rituels, mais qui malheureusement continuent de courir en toute impunité parce que détenant des alliances politiques ou maçonniques avec le pouvoir. De ce fait, ces derniers se sentent intouchables car protégés par le Président de République ; ceci, bien entendu frêne l’action de la justice qui demeure impuissante et n’applique pas  toujours la loi.

En tant qu’acteur de la Société Civile libre, combattant des Droit de l’Homme, mais surtout en tant que citoyen Gabonais libre et épris de justice, je  prends la communauté nationale et internationale à témoin sur cette affaire, laquelle est désormais entre vos mains, et pour laquelle je ne cesserai de m’impliquer personnellement et sans ménager aucun effort afin que justice soit faite par l’entremise de cette saisine du Ministère Public, initiée par moi. Cette justice qui malheureusement souffre d’un discrédit avéré et d’un manque total de confiance de la part des populations Gabonaises, qu’elle est sensée servir !

Tout en espérant que je ne me sois trompé en déclinant l’impartialité de la justice et de ses magistrats, et comptant à nouveau sur votre bonne foi, je me tiens  à votre disposition pour faciliter les enquêtes éventuelles afin de traquer les mis en cause ou présumés et de sorte qu’ils soient punis par la loi devant un procès juste, partial et équitable.

Je vous prie Madame le Procureur de la République, de bien vouloir recevoir l’expression de ma profonde déférence. 

Respectueusement,

 
DOUMBOUYOU KANY TCHISSAMBO Junior




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire