Libreville,
Gabon
13
Novembre 2014
Reportage
LIBREVILLE, JOUR DE TENSION, JOUR D'EMEUTES
LES uns agitent des pancartes
portant des slogans du changement, les autres distribuent des prospectus. Il y
a de la fierté, de l’optimisme et une pointe d’euphorie sur les visages des
partisans de l’opposition cette mi-journée au siège du Front Uni, à Ancienne
Sobraga.
Ils sont trois-cents et
bientôt ils seront plus d’un millier. Au tribunal de première instance de
Libreville, ils iront accompagner les leaders de l’opposition déposer une
plainte contre le président Ali Bongo Ondimba pour forfaiture et violation de
l’article 10 de la Constitution. «Nous allons le faire partir du pouvoir par la
pression populaire», jure Patrick, un jeune venu de Cocotiers, un quartier
populaire de la capitale. Sa voix est étouffée par le brouhaha d’un hélicoptère
qui surveille la zone.
Libreville, jour de tension,
jour d’effervescence. Il est midi. Le soleil darde ses rayons sur la capitale. Les
rues grouillent d’une agitation frénétique. Au rond-point de la Démocratie, une
foule bigarrée attend des taxis pour rallier différents points de la ville. L’entrée
du tribunal est prise d’assaut par des jeunes ameutés par le pouvoir pour faire
une contre-manifestation, suite à la décision de l’opposition d’organiser une
marche de protestation. Les forces de défense ont pris d’assaut les lieux pour
éviter des débordements.
Libreville, jour de tension,
jour de défiance. Juchés à la terrasse d’une maison surplombant une colline, un
homme, tout vêtu de noir, regarde, sans mot dire, toute l’agitation de la rue. De
temps à autre, des jeunes du quartier, excités, telles des puces, le saluent. Il
leur répond par un sourire complice. «On va montrer à ces opposants que le
président Ali Bongo Ondimba est encore populaire », lui disent-ils. Il leur
répond en dodelinant de la tête.
Sur le Boulevard Triomphal,
le balai des véhicules de l’armée et de la police est impressionnant. Les
agents patrouillent à travers la ville en quête des fauteurs de troubles. Devant
l’école publique Martine Oulabou, l’Assemblée nationale et le Sénat, des
camions militaires sont positionnés avec des agents à bord. Un moment, un
groupe de jeunes marchant vers la vallée Sainte-Marie s’y arrêtent pour se
faire photographier. A ce moment, un policier s’élève et leur intime l’ordre de
quitter les lieux. «Chef, cet bâtiment a été construit avec notre argent. A
défaut d’y servir, on peut néanmoins nous y faire photographier. Ne nous
chassez donc pas,» rétorque un jeune qui porte un tee-shirt rouge. Le policier
détourne la tête et retourne s’asseoir dans le camion.
GAZ LACRYMOGENES. Retour au
carrefour Ancienne Sobraga. Il est 14h 30. Les partisans de l’opposition
s’échauffent. Les leaders du front uni, Zacharie Myboto, Jean Ping, Pierre
Amoughe Mba, Jacques Adiahenot, Paul Marie-Gondjout et tutti quanti prennent la
tête du mouvement pour tenter d’avancer vers le tribunal. Mais la police a
barricadé la sortie et l’entrée du siège du Front Uni Soudain, la tension monte
d’un cran. Les policiers démarrent leur véhicule et foncent sur les
manifestants.
Libreville, jour de tension,
jour d’émeutes. Un jeune homme s’écroule. Le véhicule le traverse sans
toutefois le toucher. Heureusement ! Le pire a été évité de justesse. Pour
tenter de disperser les manifestants, la police lance des gaz lacrymogènes. Les
manifestants éparpillés répondent par des cocktails Molotov. Les magasins
environnants ferment pour éviter des actes de vandalisme.
Jonas Moulenda
ECHOS DU NORD
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