mercredi 19 février 2014

#Gabon: Lettre ouverte à AKON de la Société civile (Projet Électrification de l'Afrique)



Lettre ouverte à M. Aliaune Badara Thiam alias Akon, chanteur et producteur de RnB américano-sénégalais

Libreville, le 18 février 2014

Objet : Votre projet d’électrification de l’Afrique

Monsieur,
Depuis le début de cette année, vous parcourez les pays africains dans le cadre d’un périple nommé : « Tournée d’Akon en faveur de l’électrification de l’Afrique » qui vise 9 pays africains, dont le Gabon. Vous êtes donc porteur d’un projet d’électrification de villages en Afrique. Baptisé : « Akon Lighting Africa », ce projet a pour but d’apporter de l’électricité à près d’un million de ménages ruraux africains, à l’aide de l’énergie solaire, ce qui, pour vous, serait votre contribution au développement de l’Afrique.
Vous êtes une star internationale reconnue, mais ce n’est pas la musique, votre domaine d’excellence, qui vous amène au Gabon : c’est plutôt le business avec Ali Bongo et ses amis.
Nous dénonçons cette énième tentative de détournement et de blanchiment de fonds publics gabonais que nous entrevoyons car, depuis plus de quatre ans que M. Ali Bongo a pris le pouvoir, rien ne s’est fait au niveau social et, sauf votre respect, ce n’est pas vous qui allez changer la donne. Au mieux, vos affaires vont servir à vous enrichir et à remplir encore plus les poches des kleptomanes à la tête du Gabon. Par expérience, nous parions qu’aucun village ne sera électrifié grâce à votre projet.
Comme vous, Richard Attias a annoncé des milliers de créations d’emploi à la faveur de son New York Forum Africa. Après deux éditions, en attendant la troisième qui est prévue de se tenir au mois de mai prochain, aucun bilan social ne peut être fait de ce gouffre financier. Seulement, l’argent des Gabonais a servi à enrichir encore plus M. Attias, associés, coquins et complices.
Akon, prenez le temps de consulter les données financières du Gabon et dites-nous en quoi votre projet social est approprié pour notre pays. Nous estimons que le Gabon n’a aucunement besoin de votre charité et que si les bénéfices issus de l’exploitation des ressources naturelles du Gabon étaient gérés correctement, chaque Gabonais devrait vivre décemment. Vous ridiculisez votre projet  en y intégrant le Gabon et vous vous déshonorez. Nous vous conseillons de vous tournez plutôt vers les pays qui ont réellement besoin de votre charité. Il y en a quelques uns en Afrique. Par exemple, le Sénégal, votre pays d’origine.
Vous voulez faire œuvre utile pour le Gabon ? Nous vous proposons un plan en béton :
- Dénoncez le pouvoir illégitime d’Ali Bongo qui n’a pas été élu par le peuple gabonais. Il a succédé à son père, qui a régné pendant plus de quarante ans sur le Gabon, grâce au soutien d’institutions et d’une armée dirigées par des membres de sa famille, à l’exemple de la présidente de la Cour constitutionnelle qui est une maîtresse officielle de son père.
- Dénoncez les crimes rituels dont vous avez sans doute entendu parler. C’est une pratique barbare qui consiste à prélever, à vif, les organes vitaux d’un individu (yeux, langue, sexe….) afin d’obtenir pourvoir, argent et gloire. Nous savons que les crimes rituels sont commandités par les hommes au pouvoir. En effet, depuis l’avènement d’Ali Bongo au pouvoir, nous assistons à une recrudescence des crimes rituels avec impunité totale des criminels et des commanditaires. Il ne se passe pas un jour sans qu’on trouve un cadavre mutilé quelque part au Gabon.

 Nous vous informons que notre lutte contre ce fléau nous a valu le soutien des cyberactivistes « Anonymous » dans un message d’avertissement envoyé le 13 avril dernier au pouvoir gabonais, et nous continuons à nous battre pour que justice soit faite.
-   Dénoncez le peu de cas qui est fait de l’éducation de nos enfants qui s’entassent dans des salles de classes de plus de cent élèves, Ali Bongo n’ayant pas jugé utile de construire une seule école depuis son accession au pouvoir. En revanche, il fait réquisitionner les vestiaires d’un stade de football en guise de salles de classe.
En décembre dernier, des centaines d’élèves sont descendus dans la rue pour soutenir leurs enseignants en grève pendant deux mois. Pour toute réponse à leurs revendications légitimes, Ali Bongo leur a envoyé un contingent de militaires pour les mater
-   Dénoncez le fait qu’au Gabon, les femmes accouchent encore à même le sol, et les étudiants de l’unique université du pays étudient dans des conditions plus que déplorables (cf. reportage de France 24, Les Observateurs, diffusé le 6 avril 2013)
Nous nous arrêtons à ces quatre items pour vous aider à comprendre le sens de notre combat et la raison de notre interpellation.
Convaincus que vous, le petit Sénégalais de Saint-Louis devenu une grande vedette américaine, portez en vous les nobles valeurs d’humanité, de liberté, d’égalité de chances, et que vous placez la dignité humaine au-dessus de tout, nous vous demandons d’examiner, en conscience, l’opportunité de votre présence au Gabon.
De fait, nous en appelons à votre conscience, à votre humanité et vous demandons de renoncer à implanter votre projet au Gabon car ce ne sera que pure opération de communication à la gloire d’Ali Bongo.
Nous espérons que vous avez le sens de l’Histoire et c’est dans ce cadre que nous vous demandons d’analyser la portée historique de votre soutien au pouvoir en place. Parce que notre peuple serait très ravi de vous accueillir en d’autres circonstances, nous affirmons que votre présence à Libreville sera, pour nous, une prise de position ouverte contre les Gabonais.
Nos priorités sont l’éducation, la santé, le logement. M. Bongo et son gouvernement seront incapables de vous montrer leurs réalisations ne fusse que dans ces domaines en 4 ans de pouvoir.
Pour la bonne règle, nous vous informons que le contenu de la présente sera communiqué à la presse, aux organisations de la société civile et de défense des droits de l’Homme à travers le monde.
Nous espérons que vous comprenez notre démarche.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de nos salutations distinguées.



Pour la Convention nationale des Syndicats du Secteur Education (CONASYSED), Marcel LIBAMA, Délégué chargé de l’Administration – contact : +241 06 77 28 71

Pour le Front des Indignés du Gabon, M. Grégory NGBWA MINTSA, Prix de l’Intégrité Transparency International 2009 et 2010 - contact : +241 06 24 61 57

Pour le mouvement citoyen « ça suffit comme ça », Marc ONA ESSANGUI, Prix Goldman 2009 - contact : +241 07 29 41 40

Pour le Collectif des Femmes contre les Crimes rituels, Blanche SIMONNY ABEGUE, Présidente - contact : +241 06 49 08 39

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