Au regard des derniers événements qui se sont enchaînés dès l'annonce du décès d'André Mba Obame, il ne serait pas surprenant que le prochain vrai faux coup d'état raté se passe au Gabon où l'on vient d'assister à un film bongowoodien qui rendrait jaloux, des grands réalisateurs Hollywoodiens tels que Peter Jackson ou James Cameron.
En effet, entre une ambassade gardée par des agents de la Société Gabonaise de Sécurité (SGS), société familiale, mais qui n'ont jamais été entendus ni par la PJ, ni par la DGR, ni par le B2 ; des enlèvements, arrestations et séquestrations arbitraires ; un ministère de la défense nationale « lourdement informé de la présence de caisses caisses d'armes à nos frontières et qui annonce une opération « Nguéné » pour parait-il, sécuriser le territoire ; une pseudo découverte d'une cargaison d'armes sur la petite île « Nendjé » au nord de Libreville, les gabonais auront tout vu en l'espace de trois semaines. Aussi, ne seraient-ils pas surpris, si d'ici quatre matins, les cinéastes émergents de la présidence gabonaise écrivaient un nouveau scénario, celui d'un vrai faux coup d'état manqué, tourné avec la participation de faux commando issu des sociétés de gardiennages ou d'autres milices, et des agents de la Garde d'Ali et d'Accrombessi et quelques bérets rouges, qui seront qualifiés de fidèles au régime et de loyalistes, protecteurs des institutions républicaines (rire). Le ministre de la défense n'est-il pas protecteurs de attributs de la République ? (rire). Non, absolument personne ne sera surpris de recevoir sur son petit écran, la diffusion de ce nouveau nouveau film, par la RTPDG, TéléAfrica et autres médias de service, suivi d'une série de condamnations du vrai faux putsch et d'une pluie de motions de soutien à l'émergence. Les gabonais auront donc droit à un énième film made in émergence, sinon à une supercherie de plus, que l'on tentera d'imputer au Front de l'Opposition Pour l'Alternance (FOPA), afin de diaboliser ses leaders.
Quel en serait l'intérêt pour le pouvoir ? C'est la question que doivent se poser certains lecteurs. Eh bien, en terme d'intérêts, il y a plusieurs.
- Le premier intérêt pourrait être celui de justifier la pseudo marche de ou pour la paix du 11 avril 2015, dans un pays qui n'est pas en guerre.
- Le second, celui démontrer à l'opinion nationale et internationale, que l'armée demeure fidèle au régime émergent et que Bongo Ondimba II en a le contrôle.
- Le troisième, celui d'obtenir contre l'opposition, la sympathie de la communauté internationale, et du peuple à qui il aura démontrer qu'il est le seul à pouvoir garantir sa sécurité et la paix au Gabon, contre des pouvoiristes qui voudraient mettre le pays à feu et à sang pour prendre sa place.
- Le quatrième, celui d'éviter toute manifestation visant à s'opposer à la candidature de Bongo Ondimba II, tant que la situation de son état civil n'aura pas été clarifiée.
- Le cinquième, celui de se servir de ce faux putsch raté, comme prétexte pour éviter le dialogue national inclusif, repousser la date de l'élection présidentielle et la tenir dans les conditions d'organisation floues et procéder à des opérations frauduleuses, pour se voir déclaré vainqueur et décréter un couvre feu si contestation il y en a.
Ce type de subterfuge a déjà été utilisé par le président du Soudan du Sud, Salva Kiir. Et le cas récent du Burundi, serait selon le politologue kenyan Mutahi Ngunyi, un copier coller du putsch raté Soudanais. Pour lui, « le putsch raté au Burundi serait l’œuvre du Président sortant Pierre Nkurunziza lui-même. Et comme au Soudan, des généraux annoncent la destitution du président burundais et, deux jours plus tard, ces derniers annoncent leur reddition arguant avoir sous estimé la détermination des forces loyalistes ». En effet, comment comprendre et croire qu'un général, chef d'état-major des armées, ait pu faire un coup d'état et choisi d'annoncer la destitution du Président de la République et sa prise du pouvoir, dans une radio privée de faible portée, plutôt que de se servir de la radio nationale à porté plus grande ? Cette manœuvre qui ne peut tromper que des naïfs, n'aura été qu'un moyen de justifier la destruction des radios privées de Bundjubura. Seuls médias accessibles à l'opposition, celle-ci est désormais bâillonnée et aura du mal à communiquer avec les populations, aussi bien pour sa campagne, que pour continuer à s'opposer au troisième mandat de Pierre Nkurunziza, qui vient d'ailleurs d'annoncer l'éventualité d'un report de la présidentielle. Chose curieuse, au cours de l'interview que Pierre Nkurunziza vient d'accorder à la presse, l'homme n'a dit aucun mot sur le putsch raté. (???)
Si d'aventure, ce faux putsch raté du Burundi aurait inspiré les émergents, le coup sera plutôt raté, car le gabonais n'est plus dupe et comprendra de quoi il en retourne exactement. Inutile donc de perdre du temps dans du cinéma, passons à la reforme des textes de la République, pour des garanties d'une élection transparent, juste et crédible acceptées par tous.
Marcel Djabioh
17 Mai 2015