REPUBLIQUE GABONAISE
Union – Travail – Justice
Libreville, Mercredi 02 Novembre 2011
DECLARATION DE L’OPPOSITION
Suite à l’élection présidentielle du 05 Décembre 1993 dont les résultats ont été donnés dans des conditions calamiteuses, le Gabon a connu des événements de Décembre 1993 à Février 1994, qui ont failli le basculer dans la guerre civile.
La classe politique a dû se retrouver pour aboutir aux accords de Paris de Septembre 1994, signés en présence de la Communauté Internationale dont les conclusions ont été entérinées par le peuple gabonais par voie référendaire en Juin 1995.
Ces accords ont consacré le principe de la parité (Majorité-Opposition) dans l’organisation des élections.
Ce principe a été repris et consacré par la loi 7/96 du 12 Mars 1996 portant Code électoral, qui a conduit à la mise en place de la Commission Nationale Electorale (CNE), structure paritaire (Majorité-Opposition) de gestion des élections.
Ce même principe a été réaffirmé lors des accords d’ARAMBO de 2006, avec l’existence de deux camps politiques : celui du Pouvoir et celui de l’Opposition.
C’est au terme de ces accords que la Classe Politique a donné naissance à la Commission Electorale Nationale AutonomePermanente (CENAP) qui, dans son esprit, consacrait la mise en commun des intelligences des deux camps politiques (Majorité-Opposition) pour en finir avec des lendemains électoraux hasardeux.
L’Ordonnance n° 009/PR/2011 du 14 Août 2011 remet en cause le fonctionnement paritaire de la CENAP conforme à la loi et aux principes, pour donner des coudées franches au Pouvoir dans l’organisation des élections.
L’Opposition gabonaise a aussitôt attaqué les actes posés par la CENAP en raison de la violation des dispositions de l’article 52 de la Constitution.
Elle va très prochainement attaquer au fond l’Ordonnance susvisée.
Le Pouvoir, pour se sortir de cette situation, est arrivé à se fabriquer sa propre Opposition afin créer la confusion auprès du peuple gabonais et de la Communauté Internationale.
Il s’agit en réalité des partis qui viennent d’être légalisés ou sont en cours de légalisation.
Toutefois, des dix partis signataires de la soit-disante Coalition des Partis Démocratiques de l’Opposition (CPDRO), il faut noter que l’UNAF (Union Nationale des Forgerons) n’a plus son existence légale depuis son absorption par le PDG en même temps que le MCD et le PUP lors du Congrès dit de la Refondation.
Les neuf autres formations de cette nébuleuse font partie, ou ont sollicité leur adhésion au Groupe politique au Pouvoir.
Il faut souligner que cet ensemble de partis se réclamait encore du Centre le 12 Octobre 2011 à la Primature.
Il s’agit là d’une escroquerie politique manifeste du Pouvoir qui indigne l’Opposition Gabonaise. Ce Pouvoir tente vaille que vaille de justifier la validité de l’organisation des élections législatives à venir dont les préparatifs se font actuellement dans des conditions anti-démocratiques parce que remettant en cause un consensus politique approuvé par le peuple souverain il y a plus de quinze ans conformément à l’article 3 de la Constitution.
Ce « pouvoir émergent » qui se prévaut d’être défenseur de la Constitution en est, en fait, le plus grand fossoyeur.
L’Opposition gabonaise prend donc à témoin le peuple gabonais et la Communauté Internationale face à cette dérive autoritaire du Pouvoir.
Le Peuple gabonais doit, conformément à l’alinéa 21 de l’article 1er de la Constitution, défendre les acquis :
-De la Conférence Nationale ;
-Des accords de Paris ;
-Du référendum du 15 Juin 1995 ;
-Des accords d’Arambo.
Car chaque citoyen a le devoir de défendre la Patrie, de protéger et de respecter la Constitution, les lois et les règlements de la République.
En Conséquence de tout cela, l’Opposition gabonaise et la Société Civile affirment ce qui suit:
-Considérant que le Gabon a fait le choix de la démocratie pluraliste, qui induit la désignation des dirigeants politiques par des élections disputées, libres, justes, transparentes et crédibles ; que malgré sa réaffirmation par la Conférence Nationale de Mars-Avril 1990, cet objectif n’a jamais été atteint du fait de l’obstination du pouvoir à s’opposer à l’alternance politique et à se maintenir à tout prix au pouvoir par la fraude ;
-Considérant que sous ce prisme, la population du pays a été gonflée pour les besoins de la cause au point où le chiffre du dernier recensement ne reçoit pas l’assentiment de toutes les autorités compétentes ; que la liste électorale s’en ressent tant le nombre des électeurs n’est ni compatible avec la pyramide des âges de la population, ni conforme aux standards internationaux retenus par les Nations Unies ;
-Considérant que la liste électorale, support de toute élection, n’est pas fiable, parce que mal tenue par l’administration comme le montrent les inscriptions multiples, les faux électeurs, les radiations irrégulières ; qu’elle est à ce titre constamment dénoncée par les candidats, les partis politiques et la Cour Constitutionnelle. Elle donne lieu à la majeure partie du contentieux électoral;
-Considérant que l’Opposition gabonaise, a toujours proposé des solutions pour améliorer cet aspect fondamental de la gouvernance dans notre pays, en demandant lors des grandes concertations politiques, au parlement ou chaque fois que nécessaire, la mise à plat du fichier électoral dont la liste électorale est la composante majeure. L’introduction des données biométriques dans le fichier électorale permettrait de mieux identifier les électeurs;
-Considérant dès lors que l’obstination du « pouvoir émergent » à organiser des élections traduit sa volonté de s’assurer une majorité conquise par la fraude, l’Opposition gabonaise a entrepris de prévenir des graves conséquences qu’un tel entêtement peut comporter en informant les missions diplomatiques et les organisations internationales;
-Considérant que l’attitude du « pouvoir émergent » a consisté depuis son avènement à pérenniser les pratiques des captations du pouvoir politique pour assurer sa permanence au pouvoir par la fraude électorale ;
-Considérant dès lors que le choix fait par l’Opposition gabonaise d’empêcher l’organisation des élections dans des conditions actuelles est le meilleur moyen de mettre fin à l’instrumentalisation de l’élection;
-Considérant donc cette incapacité notoire dans notre pays à organiser des scrutins dans des conditions de sérénité optimale et sincère ;
-L’Opposition gabonaise précise que son action ne se confond en rien à la politique de la chaise vide car, estime – t-elle, la chaise est vide lorsque celui qui a vocation de l’occuper est absent ; il y a absence également lorsqu’une présence ne sert à rien, lorsqu’elle ne peut en rien influencer le cours des événements qui se déroulent sous ses yeux. C’est très exactement le cas de l’Opposition à l’Assemblée Nationale aujourd’hui.
En conséquence l’Opposition gabonaise et la société civile appellent solennellement le Peuple gabonais à s’opposer et à empêcher l’organisation des élections législatives du 17 Décembre 2011.
Il en résulte que ceux qui décident d’aller malgré tout à cette élection s’excluent d’eux-mêmes du Groupe que nous constituons et du combat politique que nous menons pour l’alternance au Gabon.
A la date d’aujourd’hui, le Peuple gabonais doit savoir que les partis politiques suivants ne prendront pas part aux prochaines élections législatives :
-ACR : Union du Peuple Gabonais (UPG) ; Parti Socialiste Gabonais (PSG) ; Parti Cercle Oméga (PCO) ; Rassemblement National des Bûcherons (RNB).
-CPPA: Congrès pour la Démocratie et la Justice (CDJ) ; Mouvement de Redressement National (MORENA) ; Mouvement de Redressement National Unioniste (MORENA UNIONISTE) ; Parti Gabonais du Progrès (PGP) ; Union Nationale (UN) ; Union Républicaine pour la Démocratie et le Progrès (URDP).
-FSG: Forum Africain pour la Reconstruction (FAR) ; Mouvement Émancipation Socialiste du Peuple (MESP).
-APPO: Forces Patriotiques Unies (FPU).