mercredi 2 juillet 2014

#Gabon-BUDGET 2014 : Qu'est-ce c'est que cette histoire de prendre les gabonais pour des tocards?

BUDGET 2014 : Qu'est-ce c'est que cette histoire de prendre les gabonais pour des tocards ?

 A l'allure où vont les choses, le Gabonnais risquera de se réveiller un beau matin, avec un pays hypothéqué par les savants de l'émergence, qui ont crié sur tous les toits leur bonne gouvernance et une meilleure gestion des finances publiques. Pendant cinq longues années, l'exécutif a passé le temps à réinventer la roue, allant de modification en modification des textes qu'il n'a pas pris la peine d'appliquer afin de déceler les anomalies à corriger. A peine assis sur le fauteuil du pouvoir, on a décidé de tout modifier, pour soit disant être plus performant que les anciens bêtas qui les ont précédé. Aujourd'hui le filet s'est entremêlé et la réalité les rattrape après avoir fait la sourde oreille et jouer aux surdoués. 

En décembre 2013, la boite aux lettres qui fait office de parlement,  avait adopté à l’unanimité, deux projets de loi de finances soumis pour examen par le gouvernement. Il s’agissait du projet de loi de finances exercice 2014 et du projet de la loi de finances rectificative de 2013. 

Le projet de loi de finances 2014 était évalué à 3335,8 milliards de francs CFA, soit une hausse de 194,6 milliards de F.cfa par rapport aux 3.141,2 milliards de francs CFA de l’année 2013 qui n'étaient pas plus réalistes que les budgets précédents.

Ce budget s’inscrivait selon le gouvernement, dans la dynamique de l’embellie qu’enregistrait l’activité économique mondiale, marquée par la sortie progressive de crise dans plusieurs pays de la zone Euro. Il se composait de charges et dette publique de l'ordre de 550.062.842.365 francs CFA, de dépenses de fonctionnement évaluées à 1.363.458.671.199 francs CFA, de dépenses d’investissement de 1.322.233.354.986 francs CFA et de prêts, avances et dépôts de 100.000.000.000 francs CFA.

Les dépenses d’investissement, enregistraient ainsi, une hausse de 105,3 milliards de francs CFA pour se situer à 1.322,2 milliards de francs CFA, dont 364,1 milliards de francs CFA, au titre des projets financés sur ressources extérieures.

Pour argumenter sur cette hausse fulgurante du budget entre 2009 et 2014, le gouvernement avait indiqué les sources de financement dudit budget en faisant état d'une hausse de 1,4 % de la production pétrolière en 2014 soutenue par un cours moyen du Brent à 98,5 dollars US. au taux de change moyen estimé à 513,039 francs CFA contre 500 francs CFA projeté en 2013.

Du coté des mines, les prévisions indiquaient que la production progresserait selon le même gouvernement, de 15 % en raison de la bonne tenue de l’activité de la Comilog, de l’accroissement du gisement de manganèse de Ndjolé et de l’or de Bakoudou, avec une production de manganèse qui connaîtrait une hausse de 14,8 %, pour se situer à 4,594 millions de tonnes. L'accroissement de la demande de l’industrie sidérurgique internationale, aurait des conséquences sur le prix de la tonne de manganèse qui enregistrerait une hausse de 2,5 %, pour se négocier en moyenne à 269,2 dollar US.

Les ressources d'emprunt s'élevaient à 484,1 milliards de francs CFA. La part du pétrole dans les ressources propres représentait 1.459,9 milliards de francs CFA correspondant aux remises de lots de pétrole brut à SOGARA, et les recettes non pétrolières évaluées à 1.392,2 milliards de FCFA se composaient de 36,4% d’impôts directs, de 31,3% des droits de douanes et de 29,5% des impôts et taxes indirects. Selon le gouvernement émergent, ce budget traduisait la volonté du gouvernement à prendre en compte les nouvelles urgences sociales, politiques et sécuritaires en vue d’atteindre les objectifs à mi-parcours du PSGE.

Or, ce budget qui n'a jamais été mis en place, encore moins eut un début d'exécution, vient d'être renvoyé au gouvernement, en plein milieu d'année, pour être réexaminé parce que revu à la baisse par le gouvernement qui semble être redescendu sur terre. Arrêté désormais à 2 954,6 milliards francs CFA contre 3 335,8 milliards franc CFA initialement prévues, ce projet de loi rectificative trouverait sa justification essentiellement dans :
  • la  révision des principales hypothèses macroéconomiques ;
  •  la prise en compte de la réorganisation du Gouvernement issue du décret n° 0040/PR du 28 Janvier 2014 portant nomination des membres du Gouvernement de la République.
Les raisons ici évoquées par le gouvernement pour justifier ce rétropédalage ne semblent pas convaincantes, tant elles entretiennent un flou artistique.

Si à travers le communiqué final du conseil des ministres du 27 juin 2014, on peut avoir une idée, bien qu'imprécise des dépenses que ce budget aura à supporter, on peut bien s'étonner qu'un budget se présentant en recettes et en dépenses, en dehors des 270 milliards de financement extérieurs, le gouvernement ait volontairement choisi de ne rien dire sur la provenance des ressources qui alimenteront ce budget rectificatif et d'indiquer les hypothèses macroéconomiques révisées. Pourtant, comme nous pouvons le voir plus haut, il s'était bien livré à cet exercice lorsqu'il s'agissait du budget initial ! Pourquoi ne l'avoir fait pour le budget rectificatif ?

La deuxième raison évoquée par le gouvernement s'écroule d'elle-même par le simple fait que depuis 2009, le Gabon a déjà connu trois premiers ministres et plus quatre remaniements ministériels avec réaménagements des ministères. Pourtant, aucun gabonais ne se souvient que pour ce motif, le gouvernement ait renvoyé une loi de finances au parlement pour rectification d'intitulés. Est-ce à dire que si les hypothèses macroéconomiques étaient restées intactes, la loi de finances aurait été tout de même renvoyée au parlement ? Non messieurs et dames ; ceci ne peut être valable, dans la mesure où la nomenclature budgétaires définit clairement, à quelle administration incombe la gestion de telle ou telle ligne budgétaire. A titre d'exemple. alors qu'au ministère des équipements, des infrastructures et de l'aménagement du Territoire était rattaché à celui du transport, il n'y a pas eu d'intitulé "Equipements, Infrastructures et Aménagement du Territoire et Transport" dans la loi de finances 2013. On voit clairement qu'il y a quelque chose qui ne tient pas la route et que les promesses de lutte contre la pauvreté et la précarité ne sont qu'une propagande.

Gouverner en se servant du mensonge n'arrange rien. Si l'argent n'aime pas le bruit, il n'aime non plus le mensonge, car il est extrêmement difficile de prouver qu'on a les poches pleines alors qu'on a du mal à payer ses factures. Sinon, pourquoi le trésor public est-il encore en train de liquider à compte gouttes, des dépenses de l'année budgétaire 2012 ?

Marcel Djabioh

02 Juillet 2014




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire