Au moment où notre fils, frère, père et grand père Pierre MAMBOUNDOU MAMBOUNDOU est rappelé à Dieu et au moment où la nation s’apprête, avec honneur et reconnaissance, à l’accompagner dans sa dernière demeure, comment ne pas revenir sur ce qui a pu entraîner la mort de cet homme qui a fait don de sa personne au pays ? Tout être vivant, pour ne pas dire tout homme est appelé à mourir. Il est donc normal, naturel que Pierre rejoigne nos ancêtres.
Ceci dit, la question que nous
voulons poser ici est celle de savoir
comment était cet homme, que nous savions malade, sur le plan psychologique ?
Leader de l’opposition gabonaise, homme du non au parti unique d’Omar Bongo,
exilé politique, condamné par la justice aux ordres, insulté pendant les
campagnes électorales, Pierre a traversé
toutes ces épreuves tel un cygne dans un étang : en douceur. Puis, n’écoutant
que son cœur et certains de ses amis français, Pierre prend le risque, comme un
vrai fils du Gabon de ne penser désormais que Gabon d’abord cher au président
Léon Mba. C’est ainsi que dès son retour de France il annonce clairement qu’il
entrera en négociations avec le pouvoir P.D.G. Il ajoutait que ce rapprochement
n’avait pour but que de renforcer l’instauration de l’Etat de droit au Gabon. «
Pas question pour nous d’aller à la soupe », martelait-il. Pierre était le
chantre de l’introduction de la biométrie dans le processus électoral chez
nous.
Disons-le, le pouvoir en perte de vitesse avait besoin de l’aura, de la
carrure et de l’étoffe de Pierre. Qualités qu’aujourd’hui aucun émergent ne
peut faire valoir. Alors qu’une partie de l’opinion, notamment les émergents de
base, se réjouissait du rapprochement PDG/ACR, certains hiérarques du parti au
pouvoir ne voyaient pas d’un bon œil la venue dans leur camp de l’élu de
Ndendé. Et les coups bas n’ont pas tardé à l’instar de Nzouba Ndama qui
instrumentalisa Richard Moulomba en le finançant, en lui ordonnant de dénigrer
son mentor et en l’aidant à créer un parti. Tout ceci pour tenter de faire
croire que Pierre est désormais un homme seul et que par conséquent Ali Bongo
aurait tort de s’attacher ses services. Pierre faisait peur avec « sa biométrie
», car les pédégistes savaient qu’en introduisant cet instrument dans le jeu
électoral, ils perdraient la majorité.
Le rappel des troupes fut battu par les caciques et autres roitelets
sans royaume de la minorité républicaine pour l’émergence. Il fallait tout
faire pour faire capoter les négociations ACR/PDG. Ali que l’on sait sans personnalité
fini par céder. Résultat, le 16 août il annonce qu’il n’y aura pas de biométrie
pour les prochaines législatives.
Pierre, homme de parole,
homme de conviction, homme droit, patriote aimant son pays est trahi, poignardé
dans le dos. Lui qui a mis tout son courage pour servir son pays et non pour se
servir de son pays est ridiculisé par ceux-là qu’il était venu aider. A l’eau
toutes les annonces, aux toilettes les postes dans l’administration et au
gouvernement, fini le poste de vice président. « Nous n’avons plus besoin de
lui, nous l’avons eu; Mamboundou est fini », ricanent les émergents. Les Africains
que nous sommes savent qu’on n’humilie pas un sage. Nous sommes sûrs qu’il n’a pas supporté cette humiliation. Il
était sincère, les émergents étaient malins. Déjà, le 03 septembre 2009, à la
démocratie, les bérets rouges à la solde d’Ali Bongo l’ont brutalisé, bastonné
et fait couler son sang alors qu’il contestait le coup d’état électoral
imminent.
Conséquence, quelques
semaines plus tard il est évacué sur la France où il est sauvé in extremis mais
profondément atteint. Le coup de grâce est asséné en 2011, son honneur est
atteint par la fourberie et la mauvaise foi du camp des Bongo dans les
négociations d’un accord impossible, trahi et humilié, il ne s’en est pas
remis. Que les émergents sachent en tout cas que dans le ciel où est déjà
Pierre, on les a jugé. Quant à nous,
nous sommes fiers de l’héritage qu’il nous a laissé : « Pas de biométrie, pas
d’élections. »
Adieu Pierre et que la terre te soit légère !!
Francis Thierry Kombila
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